L’ESTUAIRE DE LA GIRONDE et PAUILLAC
Samedi, le TPB organisait une sortie à thème sur l’estuaire de la Gironde et ses îles.
Yves Castex, conférencier était invité à nous raconter l’histoire de ces îles.
ombres chinoises
Nous partons à bord du Petit Léon du port de Pauillac, les reflets du soleil sur la Gironde sont superbes. J’ai la chance d’avoir une place en haut du bateau d’où rien ne me gêne pour tout voir. Tout au long des 2 heures de cette petite croisière, Yves Castex* nous parle de ces îles qu’il a bien connues ayant exercé un poste d’instituteur en 1953 sur l’île Nord (anciennement île Nort).
Nous sommes partis face à l’île Patiras, du verbe pâtir, l’îlot est la seule île ayant un cimetière, en effet les bateaux suspectés d’avoir des maladies contagieuses à bord y étaient mis en quarantaine.
Nous continuons en ayant à bâbord le Vasard de Beychevelle - devant l'extrémité de Patiras et se confondant presque avec elle, bas sur l'eau, le vasard de Beychevelle, banc de sable au début du siècle, marais aujourd'hui, est un haut lieu de la chasse à la sauvagine avec ses "tonnes" (lu sur le net)
île Patiras et son phare
Nous arrivons au niveau de l’île Nouvelle, anciennement île Bouchaud et île Sans-Pain (Sans-Pain car prise par les classes dans les années 1830 elle ne pouvait plus être ravitaillée).
http://www.conservatoire-du-littoral.fr/front/process/Content.asp?rub=8&rubec=175&site=1254
Après l’île Nouvelle nous arrivons à l’île Paté sur laquelle se trouve le Fort Paté qui constitue avec Fort Médoc et la citadelle de Blaye le triptyque défensif mis en place par Vauban sur l'estuaire de la Gironde dans le but de protéger. Ce triptyque est classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Nous faisons demi tour et rejoignons le port de Pauillac. J’ai beaucoup aimé ces promenades en bateau.
retour au port de Pauillac
Après le pique-nique durant lequel Yves Castex nous a narré 2 belles histoires, nous partons pour une randonnée de 10 km autour des châteaux Pauillacais. (photos dans Album TPB 5)
La suite mardi….
*1953 (pris sur le net)
Yves Castex a 20 ans, frais émoulu de l'Ecole Normale, quand il reçoit sa nomination, acte important, solennel. C'est sur un imprimé, tout ce qu'il y a de plus impersonnel, qu'il apprend qu'il est nommé à "GAURIAC IIe NORD" qu'il lit : " GAURIAC deuxième Nord ". Son père lui explique qu'à Gauriac, il doit y avoir deux écoles et qu'il est nommé à la " deuxième Nord ".
Yves Castex ne connaît pas Gauriac, il n'a jamais traversé la Garonne. Il y arrive donc avec le CITRAM, et tout ému rencontre le Directeur de l'école, Monsieur Subrenat (le grand-père de Sophie Davant), et il apprend qu'en fait, il va travailler à l'Île du Nord. Après les conseils d'usage donnés à un débutant, le directeur lui dit : " Un marin vous attend au Rigalet, il vous fera traverser. "
Yves descend donc les escaliers de la Vierge, tout en admirant le paysage, trouve le passage du débarcadère entre deux maisons (actuellement au restaurant "Osmose orientale") et entend une voix : " Monsieur l'Instituteur, montez, on y va. Il embarque. Tap… tap… tap… le bruit du moteur accompagne celui de son cœur inquiet. Du fleuve, on devine peu de choses de l'île.
Il interroge : " Où est-ce que je serai logé ? J'ai appris que mes deux prédécesseurs (Messieurs
Duffaut et Amiel), logeaient chez l'habitant.
— Personne ne veut plus de l'instituteur.
— Et où est-ce que…
— Vous chercherez.
— Est-ce que je mangerai au restaurant ? " ( le pauvre, quel restaurant ?)
Lolo perçoit l'angoisse du jeune homme et s'adoucit : " Si vous voulez, à midi, vous pourrez manger à la maison, après, vous chercherez quelque chose. " En effet, il y mangea à midi et y resta
deux ans !
Et il découvrit son école. Elle était construite juste derrière la digue, à Sourget. C'était un bâtiment agréable, avec une classe pour vingt élèves, une salle à manger, une chambre.
Au début, il vivait à l'école et mangeait midi et soir chez Lolo. Puis, aux vendanges, une troupe de soixante vendangeurs s'installa au château Calmeil. Madame Braud, la femme de Lolo leur faisait la cuisine. Le soir ils dansaient et chantaient tard dans la nuit. L' instit fut donc invité à manger avec eux, et pour ne pas rentrer trop tard dans la nuit, il logea au château et y resta.
A cette époque, la vie dans l'île était très active, très intense. Les îliens n'étaient pas des marins, mais des agriculteurs. Seuls les enfants semblaient intéressés par la vie maritime, ils connaissant le passage de chaque bateau. L'île était très bien entretenue, tout poussait à merveille, les fleurs sauvages, les légumes, la vigne (le vin étant classé en Bordeaux Supérieur). La terre, déjà pleine d'alluvions, était enrichie chaque année par des inondations volontaires de trois à quatre semaines, commandées par un système d'écluses. Cela évitait aussi à la vigne d'être atteinte par le Phylloxéra.
Le marin faisait sans cesse la liaison entre les îliens et la commune de Gauriac. Toute la vie politique, civique, civile, administrative, se passait à Gauriac. Le marin portait le pain, faisait les commissions, transportait les gens ; tous les gens : les mariés, les morts… Il n'y avait pas de culte sur l'île, seulement le catéchisme. La gendarmerie et la Poste dépendaient du Médoc. Il n'y avait pas de médecin. Si besoin était, on l'appelait avec le téléphone du régisseur. Aux temps où il n'y avait pas encore le téléphone, on mettait un grand drap blanc dans un champ. Et s'il y avait de la tempête, l'île était isolée. L'électricité y est arrivée en 1951.
" Nous étions les seuls instituteurs de France à qui l'Inspecteur demandait l'autorisation de venir. Pardi ! Il fallait qu'on lui envoie le bateau ! "