LA BASE SOUS-MARINE DE BORDEAUX
La décision de construire la base sous-marine en bunker date de 1940.L'organisation Todt commence la construction en septembre 1941. Elle va durer 22 mois.
Le bâtiment était constitué d'un bloc de béton armé de 245 mètres de long sur 162 mètres de large et 20 mètres de haut. Une tour bunker de 48 x 73 m lui est adjointe. Il abritait 11 alvéoles de 100 à 115 mètres de long, 7 des ces alvéoles pouvant accueillir un sous-marin et quatre pouvant en accueillir deux. Le tirant d'air est de 11,40 m et le tirant d'eau de 9 m (avec un marnage de 1,5m).
Les 7 alvéoles centrales pouvaient être mises à sec. Chacune est séparée par un mur épais de 5 à 6 mètres et fermée par des volets blindés pour la protéger des éclats de bombes. À l'autre extrémité du bassin, une voie ferrée traverse le bunker et dessert les différentes alvéoles. Chaque alvéole est équipé de deux ponts roulants d'une capacité de levage de 3 ou 5 tonnes permettait sur chacune de transporter pièces lourdes et munitions.
De l'autre côté de la voie ferrée, la bâtiment abritait, sur plusieurs étages, ateliers, réserves, bureaux et lieux de vie, dont une infirmerie.
L'ensemble était couvert par un premier toit en béton armé de 3,5 mètres d'épaisseur. Il fut recouvert par une seconde dalle de 2,10 mètres d'épaisseur. À partir de 1943, avec la portée accrue des bombardiers alliés et également des bombes devenues plus puissantes, les Allemands décidèrent de renforcer encore le toit en posant au-dessus une structure dite Fangrost. Il s'agissait d'une série de poutres en béton de 32 tonnes placées parallèlement, espacées de 5 à 6 mètres et recouvertes d'autres poutres plus petites placées perpendiculairement aux premières. Ce dispositif devait provoquer l'explosion de la bombe avant qu'elle n'atteigne la dalle. Mais ce « treillis » n'était pas achevé en août 1944.
Pour des raisons de sécurité, les torpilles et le carburant étaient stockés au dehors, dans de petits bunkers situés à 200 mètres au nord-est de la base.
600 000 m³ de béton furent nécessaires pour la construction. L'organisation Todt employa plusieurs milliers d'ouvriers, certains volontaires, mais la plupart prisonniers de guerre ou requis dont plus de 3000 républicains espagnols, « les rouges » (on estime que plus de 70 y sont morts), mais également des Français, des Italiens, des Belges et des Néerlandais.
Le 17 mai 1943 vit un raid aérien américain d'importance. Le bombardement fait à 22 000 pieds fut imprécis et affecta peu la base. Une porte du bassin à flot fut détruite et cinq sous-marins échoués. Mais les dégâts civils sont importants, plus de 200 immeubles touchés, 184 Bordelais tués et 249 blessés. De janvier à août 1944, se dérouleront plus de 13 raids anglo-américains sur la base sous-marine, mais sans grand succès.
Le 28 août 1944, Bordeaux et le port sont évacués par les Allemands.
Après la guerre, la base a abrité un musée de la plaisance. Aujourd’hui c'est un espace culturel très visité : sur les 42 000 m² de cette imposante construction de béton, 12 000 m² environ sont ouverts au public.