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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 08:16
LE RENARD ET LA CIGOGNE - Jean de La Fontaine
Le Renard et la Cigogne

Compère le Renard se mit un jour en frais,
Le régal fût petit et sans beaucoup d'apprêts :
Le galant pour toute besogne,
Avait un brouet clair ; il vivait chichement.


Ce brouet fut par lui servi sur une assiette :
La Cigogne au long bec n'en put attraper miette ;
Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la Cigogne le prie.
"Volontiers, lui dit-il ; car avec mes amis
Je ne fais point cérémonie. "
A l'heure dite, il courut au logis
De la Cigogne son hôtesse ;
Loua très fort la politesse ;
Trouva le dîner cuit à point :
Bon appétit surtout ; Renards n'en manquent point.
Il se réjouissait à l'odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande.


On servit, pour l'embarrasser,
En un vase à long col et d'étroite embouchure.
Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer ;
Mais le museau du sire était d'autre mesure.


Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un Renard qu'une Poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l'oreille.
Trompeurs, c'est pour vous que j'écris :
Attendez-vous à la pareille.

Extrait du Livre I de Jean de La Fontaine | 27 vers

LE RENARD ET LA CIGOGNE - Jean de La Fontaine
Le renard et la cigogne (version Pierret Perret)

Un renard généreux, une fois n'est pas coutume,
Invita à becqueter commère la Cigogne.
Un méchant bouillon clair fait de piteux légumes
Fut servi dans un plat sans la moindre vergogne.


Tandis que l'échassier essayait vainement
D'aspirer en ce plat si peu accomodant
Le goupil se goinfrait en lapant goulûment
Il eût tôt fait d'assécher l'écuelle.
Afin de se venger de ce goujat, l'oiselle
Le convia à son tour à un festin de rois:
Du hachis parmentier suivi d'un bavarois..


Et pourléchant déjà ses babines gourmandes
Le Renard remerciait en reniflant la viande.
La cigoge entendant se venger de bon droit
Servit tout le repas au fond d'un vase étroit.
La rusée dégusta au fond de ce long pot
La pâtée que jamais n'atteignait le museau.
Honteux comme un taureau
Qu'a paumé ses deux cornes,
Le renard s'était fait rouler dans le pop-corne.


Moralité:
Trompeurs, si vous voulez cette farce éviter
Y'a qu'en brisant le vase que vous pourrez becqueter.

Fables de Pierre Perret en argot | 24 vers

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22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 08:13
Entre Monbazillac et Bergerac (juin 2013)

Entre Monbazillac et Bergerac (juin 2013)

La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf

Une Grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.

Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
- Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point.". La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.


 

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.

Extrait du Livre I de Jean de La Fontaine | 14 vers

Rond-Point à Bruges

Rond-Point à Bruges

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27 septembre 2014 6 27 /09 /septembre /2014 08:29
Les Frelons et les mouches à miel

A l'oeuvre on connaît l'Artisan.
Quelques rayons de miel sans maître se trouvèrent :
Des Frelons les réclamèrent ;
Des Abeilles s'opposant,
Devant certaine Guêpe on traduisit la cause.
Il était malaisé de décider la chose.
Les témoins déposaient qu'autour de ces rayons
Des animaux ailés, bourdonnants, un peu longs,
De couleur fort tannée, et tels que les Abeilles,
Avaient longtemps paru. Mais quoi ! dans les Frelons
Ces enseignes étaient pareilles.

frelon asiatique


La Guêpe, ne sachant que dire à ces raisons,
Fit enquête nouvelle, et pour plus de lumière
Entendit une fourmilière.
Le point n'en put être éclairci.
"De grâce, à quoi bon tout ceci ?
Dit une Abeille fort prudente,
Depuis tantôt six mois que la cause est pendante,
Nous voici comme aux premiers jours.
Pendant cela le miel se gâte.


Il est temps désormais que le juge se hâte :
N'a-t-il point assez léché l'Ours ?
Sans tant de contredits, et d'interlocutoires,
Et de fatras, et de grimoires,
Travaillons, les Frelons et nous :
On verra qui sait faire, avec un suc si doux,
Des cellules si bien bâties. "
Le refus des Frelons fit voir
Que cet art passait leur savoir ;
Et la Guêpe adjugea le miel à leurs parties.


Plût à Dieu qu'on réglât ainsi tous les procès !
Que des Turcs en cela l'on suivît la méthode !
Le simple sens commun nous tiendrait lieu de Code ;
Il ne faudrait point tant de frais ;
Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge,
On nous mine par des longueurs ;
On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge,
Les écailles pour les plaideurs.

Extrait du Livre I de Jean de La Fontaine | 38 vers

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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 06:00
Le Cheval et l'Âne - Jean de La Fontaine
Le Cheval et l'Ane

 

En ce monde il se faut l'un l'autre secourir.
Si ton voisin vient à mourir,
C'est sur toi que le fardeau tombe.

Un Ane accompagnait un Cheval peu courtois,

Celui-ci ne portant que son simple harnois,
Et le pauvre Baudet si chargé qu'il succombe.
Il pria le Cheval de l'aider quelque peu :
Autrement il mourrait devant qu'être à la ville.
La prière, dit-il, n'en est pas incivile :
Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu.
Le Cheval refusa, fit une pétarade :
Tant qu'il vit sous le faix mourir son camarade,
Et reconnut qu'il avait tort.
Du Baudet, en cette aventure,
On lui fit porter la voiture,
Et la peau par-dessus encor.

Extrait du Livre VI de Jean de La Fontaine | 16 vers

Le Cheval et l'Âne - Jean de La Fontaine
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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 09:53
Ce matin depuis ma fenêtre j'observe Dame Tourterelle qui monte la garde

Ce matin depuis ma fenêtre j'observe Dame Tourterelle qui monte la garde

Les deux Pigeons

Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre.
L'un d'eux s'ennuyant au logis
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
L'autre lui dit : Qu'allez-vous faire ?
Voulez-vous quitter votre frère ?
L'absence est le plus grand des maux :
Non pas pour vous, cruel. Au moins, que les travaux,
Les dangers, les soins du voyage,
Changent un peu votre courage.
Encor si la saison s'avançait davantage !
Attendez les zéphyrs. Qui vous presse ? Un corbeau
Tout à l'heure annonçait malheur à quelque oiseau.
Je ne songerai plus que rencontre funeste,
Que Faucons, que réseaux. Hélas, dirai-je, il pleut :
Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut,
Bon soupé, bon gîte, et le reste ?
Ce discours ébranla le coeur
De notre imprudent voyageur ;
Mais le désir de voir et l'humeur inquiète
L'emportèrent enfin. Il dit : Ne pleurez point :
Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite ;
Je reviendrai dans peu conter de point en point
Mes aventures à mon frère.
Je le désennuierai : quiconque ne voit guère
N'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint
Vous sera d'un plaisir extrême.
Je dirai : J'étais là ; telle chose m'avint ;
Vous y croirez être vous-même.
A ces mots en pleurant ils se dirent adieu.
Le voyageur s'éloigne ; et voilà qu'un nuage
L'oblige de chercher retraite en quelque lieu.
Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orage
Maltraita le Pigeon en dépit du feuillage.
L'air devenu serein, il part tout morfondu,
Sèche du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie,
Dans un champ à l'écart voit du blé répandu,
Voit un pigeon auprès ; cela lui donne envie :
Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d'un las,
Les menteurs et traîtres appas.
Le las était usé ! si bien que de son aile,
De ses pieds, de son bec, l'oiseau le rompt enfin.
Quelque plume y périt ; et le pis du destin
Fut qu'un certain Vautour à la serre cruelle
Vit notre malheureux, qui, traînant la ficelle
Et les morceaux du las qui l'avait attrapé,
Semblait un forçat échappé.
Le vautour s'en allait le lier, quand des nues
Fond à son tour un Aigle aux ailes étendues.
Le Pigeon profita du conflit des voleurs,
S'envola, s'abattit auprès d'une masure,
Crut, pour ce coup, que ses malheurs
Finiraient par cette aventure ;
Mais un fripon d'enfant, cet âge est sans pitié,
Prit sa fronde et, du coup, tua plus d'à moitié
La volatile malheureuse,
Qui, maudissant sa curiosité,
Traînant l'aile et tirant le pié,
Demi-morte et demi-boiteuse,
Droit au logis s'en retourna.
Que bien, que mal, elle arriva
Sans autre aventure fâcheuse.
Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à juger
De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.
Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines ;
Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
Toujours divers, toujours nouveau ;
Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste ;
J'ai quelquefois aimé ! je n'aurais pas alors
Contre le Louvre et ses trésors,
Contre le firmament et sa voûte céleste,
Changé les bois, changé les lieux
Honorés par les pas, éclairés par les yeux
De l'aimable et jeune Bergère
Pour qui, sous le fils de Cythère,
Je servis, engagé par mes premiers serments.
Hélas ! quand reviendront de semblables moments ?
Faut-il que tant d'objets si doux et si charmants
Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète ?
Ah ! si mon coeur osait encor se renflammer !
Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ?
Ai-je passé le temps d'aimer ?

Extrait du Livre IX de Jean de La Fontaine | 83 vers

perchée à plus de 10 m, elle n'a pas le vertige et n'hésite pas à se tourner vers mon APN, merci Dame Tourterelle
perchée à plus de 10 m, elle n'a pas le vertige et n'hésite pas à se tourner vers mon APN, merci Dame Tourterelle
perchée à plus de 10 m, elle n'a pas le vertige et n'hésite pas à se tourner vers mon APN, merci Dame Tourterelle

perchée à plus de 10 m, elle n'a pas le vertige et n'hésite pas à se tourner vers mon APN, merci Dame Tourterelle

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21 décembre 2013 6 21 /12 /décembre /2013 06:50
La Tortue et les deux Canards

MP 336Une Tortue était, à la tête légère,
Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays,
Volontiers on fait cas d'une terre étrangère :
Volontiers gens boiteux haïssent le logis.
BRUGES AU PRINTEMPS 048Deux Canards à qui la commère
Communiqua ce beau dessein,
Lui dirent qu'ils avaient de quoi la satisfaire :
Voyez-vous ce large chemin ?
Nous vous voiturerons, par l'air, en Amérique,
Vous verrez mainte République,
Maint Royaume, maint peuple, et vous profiterez
Des différentes moeurs que vous remarquerez.
Ulysse en fit autant. On ne s'attendait guère
De voir Ulysse en cette affaire.
Bonjour-Mme-la-tortue.jpgLa Tortue écouta la proposition.

Marché fait, les oiseaux forgent une machine
Pour transporter la pèlerine.
Dans la gueule en travers on lui passe un bâton.
 

Serrez bien, dirent-ils ; gardez de lâcher prise.

Puis chaque Canard prend ce bâton par un bout.
La Tortue enlevée on s'étonne partout
De voir aller en cette guise
L'animal lent et sa maison,
Justement au milieu de l'un et l'autre Oison.
Miracle, criait-on. Venez voir dans les nues
Passer la Reine des Tortues.


- La Reine. Vraiment oui. Je la suis en effet ;
Ne vous en moquez point. Elle eût beaucoup mieux fait
De passer son chemin sans dire aucune chose ;
Car lâchant le bâton en desserrant les dents,
Elle tombe, elle crève aux pieds des regardants.
 

 

Son indiscrétion de sa perte fut cause.
Imprudence, babil, et sotte vanité,
Et vaine curiosité,
Ont ensemble étroit parentage.
Ce sont enfants tous d'un lignage.

Extrait du Livre X | 36 vers
La tortue et les deux canards

Un' tortue qui avait un désert sous l'chignon
(Bref) qui avait pas inventé les patins à roulettes
Se caillait la laitance à cause de deux trognons
De p'tits canards futés qui s'prenaient pour des jets.

Un peu rouleurs, les gars, y faut bien dire
De la gross' balayeuse se payaient la tirelire.
C'qu'elle voulait c'est voler, la mémère écaillée,
S'envoler au plaftard et traverser la Manche
Laisser choir son balai et ... s'emparer du manche.
Essayant mille façons de pouvoir se tailler
Elle bricole des engins qui sont pas très au point
Et elle prend des gamelles, des bûches et des gadins,
Mais à force de rogne, de jurons dégoisés,

Un beau jour elle s'arrache avec une fusée
Elle se prend les pinceaux sans dout' dans l'gouvernail
Et elle pique aussi sec le tarbouif dans la baille.
Comm'la Tortue coulait dans le sirop d'pébroque
Les canars héroïques la rattrapent par le froc.
Ca y est, elle vole enfin, mais cette grande niaise
Ouvre si grand le bec pour mieux ramener sa fraise
Qu'aussitôt elle se crashe
Vers le plancher des vaches.

Moralité:
Comme disait mon aïeul
Avant qu'le bourreau l'exécute
Quand on a une grande gueule
Vaut mieux avoir un parachute.

Version argot de Pierre Perret | 28 vers
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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 06:45
Le Torrent et la Rivière

Avec grand bruit et grand fracas
Un Torrent tombait des montagnes :
Tout fuyait devant lui ; l'horreur suivait ses pas ;
Il faisait trembler les campagnes.

VALLEE D'ASPE 117Nul voyageur n'osait passer
Une barrière si puissante :
Un seul vit des voleurs, et se sentant presser,
Il mit entre eux et lui cette onde menaçante.

Ce n'était que menace, et bruit, sans profondeur ;
Notre homme enfin n'eut que la peur.

Ce succès lui donnant courage,
Et les mêmes voleurs le poursuivant toujours,
Il rencontra sur son passage
Une Rivière dont le cours
Image d'un sommeil doux, paisible et tranquille
Lui fit croire d'abord ce trajet fort facile.
Point de bords escarpés, un sable pur et net.

AUBIE ET ESPESSAS 017

Il entre, et son cheval le met
A couvert des voleurs, mais non de l'onde noire :
Tous deux au Styx allèrent boire ;
Tous deux, à nager malheureux,
Allèrent traverser au séjour ténébreux,
Bien d'autres fleuves que les nôtres.

Les gens sans bruit sont dangereux :
Il n'en est pas ainsi des autres.

Extrait du Livre VIII de Jean de La Fontaine | 25 vers
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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 08:10
Les Deux Chèvres

djibouti 1967 -02 (017)

Djibouti - 1966

Dès que les Chèvres ont brouté,
Certain esprit de liberté
Leur fait chercher fortune ; elles vont en voyage
Vers les endroits du pâturage
Les moins fréquentés des humains.
Là s'il est quelque lieu sans route et sans chemins,
Un rocher, quelque mont pendant en précipices,
C'est où ces Dames vont promener leurs caprices ;
Rien ne peut arrêter cet animal grimpant.
Deux Chèvres donc s'émancipant,
Toutes deux ayant patte blanche,
Quittèrent les bas prés, chacune de sa part.

 Les chèvres mangent tout
L'une vers l'autre allait pour quelque bon hasard.
Un ruisseau se rencontre, et pour pont une planche.
Deux Belettes à peine auraient passé de front
Sur ce pont ;
D'ailleurs, l'onde rapide et le ruisseau profond
Devaient faire trembler de peur ces Amazones.
Malgré tant de dangers, l'une de ces personnes
Pose un pied sur la planche, et l'autre en fait autant.
 

Je m'imagine voir avec Louis le Grand
Philippe Quatre qui s'avance
Dans l'île de la Conférence.
Ainsi s'avançaient pas à pas,
Nez à nez, nos Aventurières,
Qui, toutes deux étant fort fières,
Vers le milieu du pont ne se voulurent pas
L'une à l'autre céder. Elles avaient la gloire
De compter dans leur race (à ce que dit l'Histoire)
L'une certaine Chèvre au mérite sans pair
Dont Polyphème fit présent à Galatée,
Et l'autre la chèvre Amalthée,
Par qui fut nourri Jupiter.
Faute de reculer, leur chute fut commune ;
Toutes deux tombèrent dans l'eau.
Cet accident n'est pas nouveau
Dans le chemin de la Fortune.

Extrait du Livre XII de Jean de La Fontaine | 37 vers

 

 

Bonus la version de Pierre Perret

Les deux chèvres

Toulouse-Lautrec

Une brouteuse un peu t^te de lard
Qui avait un p'tit creux dans l'bidon
Voulait briffer des épinard
De l'autre côté d'un p(tit pont.


Une deuxième escaladeuse
radinant du bord opposé
L'ait tout aussi enquiquineuse
Se mit dans l'chou de traverser.
Pif à pif les deux têtes de mule
Veulent pas bouger un seul peton...
La première dit: - Circule Ursule
Sinon j'te gicle en bas du pont ! ...
de la place y en avait pas lerche
pour une sans doute, mais pas deux;
La deuxième s'assoit sur son derche
Et dit: - Va donc t'faire cuire deux oeufs.


L'autre alors se fout en renaud
Et en voulant chabler dans l'tas
Perd l'équilibre et peut s'en faut,
Que la teigneuse décarre en bas.
Mais en bas le loup est venu
Qui se poulèche les babouines;
Un deuxième aussi lorgne au d'ssus
Et chauffe le four de sa cuisine.

4380117730_f60de7880c.jpg
On devine que des deux apôtres
Nul ne cèdera sa place à l'autre...

Moralité
J'dis qu'à force de céder sa place
la vie devient bien dégueulasse.

Version argot de Pierre Perret | 30 vers
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23 octobre 2013 3 23 /10 /octobre /2013 07:18
Le Mulet se vantant de sa généalogie

Le Mulet d'un prélat se piquait de noblesse,
Et ne parlait incessamment
Que de sa mère la Jument,


Dont il contait mainte prouesse :
Elle avait fait ceci, puis avait été là.

Son fils prétendait pour cela
Qu'on le dût mettre dans l'Histoire.
Il eût cru s'abaisser servant un Médecin.
Etant devenu vieux, on le mit au moulin.

STE RADEGONDE 064

Son père l'Ane alors lui revint en mémoire.
Quand le malheur ne serait bon
Qu'à mettre un sot à la raison,
Toujours serait-ce à juste cause
Qu'on le dit bon à quelque chose.

Extrait du Livre VI de Jean de La Fontaine | 14 vers
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12 octobre 2013 6 12 /10 /octobre /2013 07:01
La Lionne et l'Ourse

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Mère Lionne avait perdu son fan.
Un chasseur l'avait pris. La pauvre infortunée
Poussait un tel rugissement
Que toute la Forêt était importunée.

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La nuit ni son obscurité,
Son silence et ses autres charmes,
De la Reine des bois n'arrêtait les vacarmes
Nul animal n'était du sommeil visité.

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L'Ourse enfin lui dit : Ma commère,
Un mot sans plus ; tous les enfants
Qui sont passés entre vos dents
N'avaient-ils ni père ni mère ?
- Ils en avaient. - S'il est ainsi,
Et qu'aucun de leur mort n'ait nos têtes rompues,
Si tant de mères se sont tues,
Que ne vous taisez-vous aussi ?
- Moi me taire ! moi, malheureuse !

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Ah j'ai perdu mon fils ! Il me faudra traîner
Une vieillesse douloureuse !
- Dites-moi, qui vous force à vous y condamner ?
- Hélas ! c'est le Destin qui me hait. Ces paroles
Ont été de tout temps en la bouche de tous.
Misérables humains, ceci s'adresse à vous :
Je n'entends résonner que des plaintes frivoles.
Quiconque en pareil cas se croit haï des Cieux,
Qu'il considère Hécube, il rendra grâce aux Dieux.

Extrait du Livre X de Jean de La Fontaine | 26 vers
(images du net)
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  • J'ai commencé la randonnée en 2006 et depuis je marche sans me lasser. Mes autres passions, la lecture, l'histoire et la photo. 
Timide, réservée, fidèle et toujours disponible pour sa famille et ses ami(e)s voilà c'est moi.
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